Article de fond

Panorama des risques: 4 questions à Loïc Le Dréau

Date de publication 18 avril 2025


Network servers in a data room.

 

À l’issue de l’AMRAE 2025, nous avons échangé avec Loïc Le Dréau, Directeur des Opérations de Paris de FM, afin de décrypter les principaux enjeux et tendances en matière de gestion des risques. Dans un contexte d’incertitudes économiques, de bouleversements climatiques et d’adoption massive de l’intelligence artificielle, à quels défis les entreprises doivent-elles faire face, et quelles stratégies peuvent-elles mettre en place pour y répondre ?

1. Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur les entreprises en 2025 ?

Cette année est d’ores et déjà marquée par des risques systémiques, croissants et interconnectés, affectant l’économie mondiale. Parmi les tendances les plus notables, citons l’adoption massive de l’intelligence artificielle (IA) et l’automatisation industrielle au sein des usines, qui génèrent de nouveaux risques liés à la sécurité des systèmes.

Les tensions géopolitiques persistantes continuent également de déstabiliser les chaînes d’approvisionnement, notamment en ce qui concerne les puces électroniques, les matériaux pour batteries et les combustibles nucléaires. Les entreprises doivent adapter leurs stratégies d’approvisionnement afin de limiter leur dépendance à des fournisseurs implantés dans des régions géopolitiquement instables et de renforcer la résilience de leurs chaînes logistiques.

Enfin, le risque climatique est devenu l’un des enjeux majeurs pour les entreprises. L’Europe a notamment été marquée par des inondations sans précédent à l’automne 2024. La fréquence et l’intensité accrues des catastrophes naturelles ont un impact direct sur les infrastructures industrielles et commerciales, ce qui représente un risque pour la continuité d’activité. Pour lutter contre le changement climatique, de nombreuses entreprises ont d’ailleurs entamé leur transition énergétique. Néanmoins, il est important d’ajouter que les installations de production d’énergie renouvelable (éoliennes, panneaux solaires…) peuvent elles-mêmes être exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes comme les tempêtes ou la grêle.

2. Comment les entreprises peuvent-elles renforcer leur résilience face à ces risques ?

Chez FM, nous avons la conviction que la plupart des sinistres peut être évitée. Il est fondamental que les entreprises et leurs assureurs connaissent les risques auxquels elles sont exposées afin de mettre en place des mesures de prévention adaptées.

Dans le cadre des 100 000 visites sur site effectuées chaque année par nos ingénieur·es prévention, FM collecte des dizaines de millions de points de données. Ces données permettent d’établir une cartographie des risques émergents et d’identifier les risques propres à chaque site.

Nous avons par exemple développé l’Indice de résilience FM, qui permet d’évaluer la résilience de 130 pays et territoires sur différents critères : économie, stabilité politique, chaîne d’approvisionnement, énergie, éducation… Son objectif est d’accompagner les entreprises lors de leur implantation sur un nouveau territoire ou du choix de nouveaux partenaires, et de faciliter la prise de décisions en matière de gestion des risques.

Lorsque les risques sont clairement identifiés et quantifiés, nous pouvons accompagner nos clients dans la mise en place de mesures de protection adaptées.

3. Quelles sont les mesures clés à adopter pour renforcer la résilience des entreprises face aux risques climatiques et cyber ?

Face aux risques climatiques, il est crucial de renforcer la résilience des infrastructures. FM investit notamment dans des solutions de protection contre les inondations (modélisation des débordements fluviaux, évaluation détaillée de l’impact d’une inondation sur un site) et de réduction de l’impact des orages et des incendies. La standardisation des équipements, qui devrait par exemple généraliser l’utilisation de panneaux solaires en verre durci, contribuera également à limiter les dommages en cas d’intempéries, donc à protéger les installations de production d’énergie renouvelable.

Pour accompagner nos clients dans la mise en œuvre de ces mesures, nous avons créé le Crédit de résilience, qui les aide à investir dans des mesures de prévention pour renforcer leur résilience climatique.

Pour le risque cyber, la même logique de prévention et de résilience s’impose. La mise en place d’une surveillance continue et la modélisation numérique des réseaux industriels peuvent contribuer à identifier et contrer les cybermenaces avant qu’elles ne causent des dommages matériels. L’application de la directive européenne NIS 2 cette année va contribuer à renforcer la protection des systèmes de contrôle-commande industriels, essentiels à l’automatisation des usines.

4. Quel rôle jouent les nouvelles technologies dans l’amélioration de la gestion des risques ?

Les avancées technologiques offrent des opportunités sans précédent pour anticiper et réduire les risques. L’IA générative peut non seulement améliorer la cyberdéfense en simulant des attaques pour mieux comprendre les vulnérabilités des systèmes, mais aussi optimiser les stratégies d’assurance en affinant l’analyse des risques.

Dans le domaine industriel, l’automatisation et l’IA apportent des gains de productivité et de qualité, mais elles impliquent aussi une dépendance accrue aux data centers. Au vu de leur importance stratégique, ces data centers doivent être protégés contre les risques environnementaux et technologiques. En outre, compte tenu de la puissance de calcul requise par l’IA et l’automatisation, ils sont de plus en plus énergivores. Il est donc crucial d’anticiper ces défis en adaptant les infrastructures et en renforçant leurs capacités énergétiques.

Il est également indéniable que la pertinence des outils de modélisation est démultipliée lorsqu’ils sont basés sur les données, car ils apportent alors une vision encore plus précise des impacts du changement climatique et des fragilités des chaînes d’approvisionnement. L’Indice de résilience FM en est l’un des exemples les plus parlants.

Enfin, les assureurs s’appuieront également toujours plus sur l’IA générative et d’autres outils d’intelligence artificielle pour optimiser les processus de revue des polices afin d’offrir davantage de valeur ajoutée à leurs assurés, notamment sous la forme d’une couverture encore mieux adaptée à leurs besoins.

En somme, la gestion des risques en 2025 repose sur une combinaison d’innovations technologiques, de surveillance proactive et d’adaptation des infrastructures. Les entreprises qui sauront exploiter ces outils tout en maintenant une approche rigoureuse et scientifique seront mieux préparées face aux incertitudes de demain.