Article de fond

L’Europe, leader de la résilience climatique et énergétique

Date de publication 04 décembre 2024

Un modèle à suivre pour les entreprises du monde entier


L’Indice de résilience FM, qui classe chaque année 130 pays et territoires en fonction de la résilience de leur tissu économique, souligne le leadership de l’Europe dans ce domaine. Cet outil unique aide les entreprises à évaluer et renforcer leur résilience en identifiant leurs atouts et vulnérabilités et en optimisant la planification stratégique et la gestion des risques.

En 2024, huit des dix pays les plus résilients au monde sont européens. Il s’agit, dans l’ordre, du Danemark, du Luxembourg, de la Suisse, de l’Allemagne, de la Suède, de la Finlande, de la Norvège et de la Belgique. En bonne position à la 17e place, la France contribue à l’excellente performance de l’Europe, notamment grâce à ses progrès en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES). En dépit de difficultés (inflation, ruptures d’approvisionnement…) qui lui ont fait perdre une place au classement global par rapport à 2023, le pays a su s’adapter et atténuer les risques, confirmant la tendance générale de l’Europe à miser sur le développement durable et la réduction des risques. Malgré l’émergence de problématiques mondiales, les pays européens ont su créer des environnements résilients, source de stabilité et de croissance.

Gestion des risques liés au climat

À bien des égards, l’Europe illustre parfaitement l’importance d’investir dans la résilience climatique pour développer un tissu économique solide. Cette région du monde n’est certes pas aussi durement touchée par le changement climatique que l’Asie ou le continent américain, mais les événements météorologiques extrêmes y sont de plus en plus nombreux chaque année : fortes pluies et inondations, vents violents, tempêtes de grêle et orages, canicules, feux de forêt, sécheresses…

Face à ces nouveaux enjeux, de nombreux pays européens ouvrent la voie et se dotent de stratégies exhaustives pour gérer ces crises. Les entreprises qui y sont implantées bénéficient ainsi souvent d’un cadre de gestion des risques complet qui intègre les questions climatiques sur tout l’arc opérationnel. En favorisant une application cohérente et efficace des politiques climatiques et des stratégies de gestion des risques, les réglementations européennes jouent un rôle non négligeable. De nombreux territoires ont ainsi pris leurs responsabilités et développent des programmes de renforcement de la résilience.

Présent dans le top 25 pour les indicateurs Exposition au risque climatique et Qualité du risque climatique de l’Indice de résilience FM, le Danemark est un modèle d’excellence en matière de gestion des risques liés au climat. Plan de protection contre les inondations, systèmes de protection côtière : le pays a pris d’importantes mesures pour protéger ses régions de faible altitude contre l’élévation du niveau des mers et les phénomènes météorologiques extrêmes, réduire l’impact des inondations sur les entreprises et la population, et accélérer le retour à la normale après ce type d’événement.

Classée à la 16e place pour l’indicateur Qualité du risque climatique, l’Allemagne intègre elle aussi la gestion des risques climatiques à sa planification urbaine, notamment avec les initiatives Toits verts à Hambourg et Berlin 2030. Ces deux programmes ont pour objectif d’adapter de grandes agglomérations au changement climatique en augmentant les espaces verts et en améliorant les systèmes d’évacuation des eaux afin de mieux résister aux chocs écologiques et de s’en relever plus rapidement.

Transition énergétique

Parallèlement au renforcement de leur résilience climatique, les pays européens accueillent également de nombreux projets de transition énergétique, qui visent à réduire leur dépendance aux marchés de l’énergie, particulièrement volatiles, et à freiner le changement climatique.

La Norvège se concentre par exemple sur les énergies renouvelables, l’hydroélectricité représentant près de 64 % de sa consommation totale d’énergie. Outre la sécurité énergétique, cette approche lui assure le leadership pour la transition mondiale vers une économie sobre en carbone. Le pays a également une longueur d’avance en matière de véhicules électriques : grâce à une politique proactive, principalement axée sur des incitations fiscales, plus de 80 % des voitures neuves vendues en 2023 étaient des modèles électriques. Cette transition réduit les émissions de gaz à effet de serre et favorise un modèle de mobilité durable, ce qui renforce encore davantage la résilience du pays.

Autre chef de file de la transition énergétique, la Suède veut atteindre 100 % de production électrique renouvelable d’ici 2040. Également pionnier dans le domaine de l’énergie de la biomasse, le pays valorise les résidus et les déchets forestiers pour le chauffage et la production d’électricité. C’est ce qui lui vaut la quatrième place sur l’indicateur Émissions de gaz à effet de serre, qui mesure les GES émis par unité de productivité. De toute évidence, l’engagement de l’Europe en faveur des avancées technologiques, en particulier des énergies renouvelables et des infrastructures intelligentes, joue un rôle fondateur dans sa résilience.

Perspectives mondiales

Si la plupart des cas de figure mis en lumière par l’Indice de résilience FM en Europe sont positifs, d’autres régions du monde sont confrontées à des risques majeurs. En effet, de nombreux pays et territoires font face à des situations complexes provoquées par le changement climatique et l’instabilité géopolitique. Les conflits à Gaza et en Ukraine illustrent l’impact que ce type de troubles peut avoir sur les chaînes d’approvisionnement et les économies mondiales.

Hors d’Europe, la gestion des risques climatiques cycliques, de plus en plus graves, est également un enjeu récurrent qui transparaît dans l’Indice de résilience. Le Bangladesh, notamment, est vulnérable en raison d’inondations et de cyclones fréquents, exacerbés par le changement climatique. Ses côtes fortement peuplées sont particulièrement exposées à l’élévation du niveau des mers et aux événements météorologiques extrêmes, qui ont un impact majeur sur les plans humain et économique.

Ce cas est révélateur d’un problème plus global qui touche de nombreux pays non européens : en raison d’une gestion inadéquate des ressources, d’infrastructures technologiques limitées et de leur exposition plus élevée au risque climatique, ils n’ont que peu de moyens pour réduire les répercussions du changement climatique. Ces quelques exemples prouvent le rôle essentiel des stratégies proactives, des investissements technologiques et de la gestion des ressources dans la résilience face au changement climatique.

Implications pour les groupes internationaux

L’Indice de résilience FM 2024 présente l’Europe comme un modèle à suivre, avec un plan d’action pour renforcer la résilience du tissu économique malgré les nouvelles problématiques mondiales qui ne cessent d’émerger. Les entreprises internationales peuvent tirer des enseignements du leadership européen en matière de gestion des risques climatiques et de transition énergétique. Les différents pays du monde, en adoptant des stratégies proactives et innovantes, peuvent renforcer leur résilience et favoriser une croissance durable. Voici les trois principaux points à retenir :

  • Développer des stratégies de gestion des risques exhaustives : pour limiter l’impact des risques climatiques, cette problématique doit faire partie intégrante de la planification et des opérations.
  • Investir dans les énergies renouvelables : la transition vers des sources d’énergie renouvelable assure la stabilité et la durabilité de l’approvisionnement en énergie, mais les risques qu’elle génère doivent être analysés et gérés de manière adéquate.
  • Exploiter les technologies intelligentes : elles sont gage d’efficacité et permettent de s’adapter à des environnements en constante évolution.

Article initialement publié en anglais dans European Business Magazine.