IA industrielle, catastrophes naturelles, énergie et résilience des chaînes d’approvisionnement : huit tendances à surveiller en 2025
Les débuts d’année se suivent et se ressemblent : nous changeons de calendrier et ressortons nos bonnes résolutions. 2025 pourrait cependant faire peser de nouvelles incertitudes sur le tissu économique mondial. Il faut en effet s’attendre à une adoption rapide de l’IA, à des conflits géopolitiques qui s’étirent, à une augmentation de la demande d’énergie, à des sinistres liés aux catastrophes naturelles et à des perturbations du commerce mondial.
Chez FM, nous nous penchons bien sûr sur ces risques. Mais dans la mesure où notre approche est entièrement axée sur l’ingénierie et la rigueur technique, nous ne restons pas dans la spéculation. Nos conclusions sont toujours fondées sur la recherche scientifique, les données de terrain et près de 200 ans d’expérience et d’analyse des risques.
Dans cet article, nos spécialistes partagent leur point de vue sur ce que nous réserve l’année 2025. Découvrez les huit tendances à surveiller.
1. INDUSTRIE : GÉNÉRALISATION DE L’IA ET DE L’AUTOMATISATION
« Après avoir conquis les bureaux, l’IA va se propager aux centrales électriques et aux usines pour rendre les automates de plus en plus autonomes. Malgré tous les avantages à la clé (diminution des problèmes de pénurie de main-d’œuvre, renforcement de la productivité, de la qualité et de l’agilité, etc.), le phénomène engendrera de nouveaux risques de dommages aux biens. Les outils d’IA vont aussi accentuer les besoins, déjà considérables,en termes de data centers "hyperscale" et de capacités de production et de distribution d’énergie », annonce Louis Gritzo, Directeur scientifique de FM.
Autres prévisions :
- Les appels à augmenter la production d’énergie et la puissance des infrastructures se feront plus insistants, notamment par le biais de petits réacteurs nucléaires modulaires. Bien qu’elle permettrait de produire des volumes considérables d’électricité à proximité des points d’utilisation, cette solution n’est pas sans risque.
- L’instabilité géopolitique aura des conséquences sur les chaînes d’approvisionnement, en particulier concernant les puces, les matières premières des batteries et les combustibles nucléaires.
- Les réglementations en matière de chimie, d’énergie nucléaire et d’intelligence artificielle vont s’assouplir. S’agissant des conséquences néfastes de l’IA, la tendance générale sera plutôt à l’adaptation qu’à l’anticipation.
- Les efforts d’adaptation aux conditions météorologiques extrêmes telles que les inondations et les feux de forêt, de plus en plus intenses, vont se poursuivre.
Compte tenu de la puissance de calcul requise par l’IA et l’automatisation, la capacité des data centers est appelée à augmenter. « Vu leur consommation d’énergie et la valeur qu’ils concentrent, les data centers revêtent désormais une importance stratégique pour les entreprises. Il est donc crucial de se pencher sur les risques associés et sur la manière de les gérer », estime Loïc Le Dréau, Directeur général des Opérations de Paris. Ce point est particulièrement vrai pour la France qui, grâce à son climat et à la qualité de son infrastructure électrique, pourrait être considérée comme un lieu privilégié pour la construction de nouveaux data centers.
2. CYBER-CONFLITS LIÉS À L’IA
En 2025, l’IA générative devrait entraîner une multiplication des cyber-attaques, qui gagneront en diversité et en ampleur étant donné la capacité de cette technologie à automatiser les tentatives d’intrusion. Pâtissant de protections anciennes, insuffisantes, voire inexistantes, les systèmes de contrôle-commande industriels (SCI) demeureront une cible privilégiée.
En parallèle, l’IA va aussi renforcer les capacités de cyber-défense. La modélisation numérique des réseaux industriels par des équipes de recherche entraînera des affrontements entre hackers éthiques et malveillants, ce qui permettra aux entreprises de direction de mieux comprendre leurs vulnérabilités.
« Plus les cyber-attaques gagnent en sophistication, plus elles sont nombreuses à avoir des conséquences matérielles, comme le prouvent les coupures d’électricité en Ukraine », explique Roland Schaefer, Directeur de la recherche sur l’automatisation et les cyber-technologies. « Il faut aussi s’attendre à un renforcement des mesures de protection du fait de la directive NIS 2 et à une meilleure visibilité sur les attaques visant les SCI. Jusqu’à présent, ces intrusions n’étaient pas répertoriées avec la même rigueur que les attaques classiques ciblant les réseaux d’entreprise. »
3. ÉNERGIES RENOUVELABLES : EN QUÊTE DE RÉSILIENCE
Si le soleil et le vent sont gratuits, la production d’énergie renouvelable n’est pas à l’abri des perturbations, notamment des risques naturels et des incendies. En 2025, le secteur prendra des mesures drastiques afin de protéger ses sites et infrastructures. Il s’attaquera notamment aux risques suivants :
- grêle, feux de forêt et tempêtes (installations solaires) ;
- foudre et effondrement des structures (éoliennes) ;
- emballement thermique (systèmes de stockage d’énergie par batterie) provoquant des incendies d’une chaleur extrême qui s’étirent sur plusieurs jours et résistent aux technologies d’extinction classiques.
« Cette année verra des progrès dans différents domaines liés aux énergies renouvelables, notamment la recherche, les essais (à l’image de notre canon à grêle), l’ingénierie, la qualité des produits, la construction et la normalisation », indique Doug Patterson, Directeur industrie papetière et énergies renouvelables. « Comme toujours chez FM, nous nous appuierons sur nos connaissances scientifiques et notre expertise technique pour évaluer et réduire ces risques, de la même façon que nous avons étudié les conséquences des ouragans sur les bâtiments. »
4. RENTABILITÉ ACCRUE DES ASSURANCES GRÂCE À L’IA
En 2025, l’intelligence artificielle va contribuer à améliorer la rentabilité de la couverture d’assurance des clients de FM, en les aidant à mieux comprendre les risques, les sinistres, la résilience et les mesures de prévention.
La clé pour y parvenir consiste à entraîner l’IA sur un maximum de données pertinentes. En l’espace de 15 ans, nous avons ainsi recueilli plus d’un milliard de points de données sur :
- les sites de nos clients multinationaux, notamment leurs méthodes de conception, de construction et de protection contre les sinistres ;
- les menaces spécifiques qui pèsent sur ces sites du fait des risques naturels, du changement climatique, des incendies ou des défaillances d’équipements.
Ces données alimentent nos modèles d’IA développés en interne. « Nous sommes désormais capables de prédire avec une grande précision la probabilité de sinistre la plus élevée sur chaque site assuré », affirme Pentti Tofte, Directeur innovation, analyses de données et IA. « Nous aidons ainsi nos clients à optimiser leurs décisions d’investissement et réduisons considérablement le risque d’interruption prolongée de l’activité. Et nous renforçons la rentabilité de nos couvertures. »
5. CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT : RECHERCHE D’EFFICACITÉ ET DE RÉSILIENCE
En 2025, la faible croissance mondiale va probablement accentuer l’impératif de réduction des coûts, ce qui fragilisera les chaînes d’approvisionnement. Mais les entreprises pourront renforcer leur résilience avec moins de moyens. « Grâce aux progrès historiques de l’IA et du machine learning, les responsables de chaîne d’approvisionnement seront de plus en plus à même d’évaluer et de prioriser la réduction des risques au-delà des fournisseurs de premier rang et ce, de manière rapide et systématique », estime Eric Jones, Directeur du département Conseil en risques d’entreprise. « L’époque où il fallait plusieurs mois pour obtenir des informations exploitables sur la chaîne d’approvisionnement est révolue. »
Aux États-Unis, la géopolitique et la politique intérieure vont pousser les entreprises à relocaliser la production et à s’approvisionner davantage sur le territoire national. Augmentation potentielle des droits de douane potentiels, conflits frontaliers et changements d’alliances internationales ébranleront les accords en place. Pour les chaînes d’approvisionnement, cet environnement instable pourrait être aussi dommageable que la pandémie de Covid mondiales . L’approvisionnement en semi-conducteurs et en matières premières destinés aux composants électroniques est particulièrement préoccupant.
Sur une note plus positive, la relocalisation d’activités aux États-Unis pourrait contribuer à améliorer la qualité des produits. Ainsi, les panneaux solaires seront de plus en plus souvent conçus pour résister aux risques courants. « Des panneaux en verre traité aussi robuste que celui des smartphones seront commercialisés », affirme Doug Patterson.
7. CLARIFICATION DES RISQUES CLIMATIQUES
En ce début 2025, le changement climatique demeure un sujet complexe, et les équipes de direction pensent parfois que seule la communauté scientifique est capable de cerner les mécanismes, les risques et les conséquences probables du réchauffement de la planète. FM s’attache à démêler les causes et effets des risques climatiques, en fournissant des informations exploitables et des solutions pour permettre à ses assurés de se préparer avant qu’une catastrophe ne survienne.
Cette démarche revêt une importance sans précédent, comme le prouvent les événements récents : selon les estimations, 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant pour la première fois de 1,5 °C la moyenne préindustrielle. Elle a également été marquée par de nombreuses inondations majeures. Sur les seuls mois de septembre et octobre, des précipitations record ont frappé l’Asie du Sud-Est (typhon Yagi), l’est de l’Espagne (goutte froide) et le sud-est des États-Unis (ouragan Helene).
Début 2025, des conditions extrêmes perdurent : les températures océaniques mondiales se maintiennent à un niveau sans précédent pour la deuxième année consécutive, alimentant des systèmes convectifs comme les moussons, les cyclones tropicaux et les dépressions coupées.
Nos équipes de recherche continuent d’étudier les extrêmes climatiques qui contribuent à l’évolution des précipitations, des orages de grêle, des feux de forêt ou des régimes de vent dans le monde. En 2025, FM poursuit également ses investissements significatifs dans l’amélioration de la protection contre les inondations, avec notamment la modélisation des débordements fluviaux ou l’évaluation détaillée de l’impact d’une inondation sur un site. Pour les orages de convection, une approche mondiale du risque de grêle est à l’ordre du jour pour l’année à venir, tout comme une analyse approfondie de certains effets des orages (foudre, tornades, fortes précipitations, etc.).
« S’il est essentiel de comprendre le risque climatique et son évolution, la meilleure façon de se préparer pour en limiter les conséquences est de savoir comment agir à l’approche d’un événement météorologique extrême », explique Angelika Werner, Directrice de la recherche sur les risques et la résilience climatiques. « FM continue de travailler sur des solutions de prévention et d’accompagner la mise en place de plans d’intervention d’urgence sur le terrain. »
8. OUTILS D’AIDE À LA DÉCISION FONDÉS SUR LES DONNÉES
Vous vous interrogez sur les moyens de protéger votre entreprise pour assurer sa prospérité ? Vous aimeriez par exemple connaître les pays les plus vulnérables en termes de chaîne d’approvisionnement ou les conséquences du changement climatique sur les pays dans lesquels vous opérez ? En 2025, nous nous efforcerons de vous apporter les réponses à ces questions grâce à l’Indice de résilience FM et à une compréhension toujours plus fine des chaînes d’approvisionnement.
Les assureurs comme FM s’appuieront également sur l’IA générative et d’autres outils d’intelligence artificielle pour optimiser les processus de revue des polices afin d’offrir davantage de valeur ajoutée à leurs assurés. S’ensuivront une meilleure certitude contractuelle ainsi que la possibilité de couvrir les risques et d’allouer la capacité d’assurance avec une précision accrue.
« Si l’IA générative permet des avancées significatives, elle apporte aussi son lot de problématiques. C’est pourquoi l’expertise de nos équipes continuera d’être essentielle pour pouvoir tirer le meilleur parti de cette technologie, en 2025 et au-delà. Pour obtenir des résultats optimaux, nous associerons, d’une part, notre parfaite connaissance du secteur et des besoins de nos assurés et, d’autre part, nos capacités d’analyse basées sur l’IA », conclut Loïc Le Dréau.