Article de fond

Résistance au feu des bâtiments historiques : quatre points clés

Date de publication : 04 décembre 2024

Comment mieux les protéger


nuages et bâtiments

Symboles des grandes heures d’une Nation, témoins du génie architectural et du savoir-faire des générations passées, les bâtiments historiques ont une valeur éducative et peuvent représenter une importante source de revenus. Leur protection est également cruciale sur le plan écologique, dans la mesure où, en cas de sinistre, les opérations de démolition et de reconstruction ont un fort impact environnemental. Des tragédies comme l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 et celui de l’ancienne Bourse de Copenhague en avril dernier soulignent les risques considérables auxquels sont exposés ces édifices, en particulier en période de restauration. Une protection incendie proactive s’avère indispensable pour prévenir des sinistres catastrophiques sur des monuments érigés à des époques où la sécurité incendie n’était pas au cœur des priorités.

Mais comment optimiser cette démarche ? FM souligne quatre principes fondamentaux qui devraient guider tout projet de protection de bâtiments historiques.

1. Installer des systèmes sprinkleur automatiques de dernière génération

Les sprinkleurs automatiques sont la pierre angulaire de la protection incendie active. Pour les monuments historiques, les systèmes actuels, en particulier ceux à brouillard d’eau, offrent un équilibre idéal entre efficacité et préservation. À la différence des sprinkleurs classiques, les systèmes d’extinction à brouillard d’eau sont compacts et se fondent dans le décor, un atout majeur pour les sites où l’intégrité architecturale est essentielle. De nos jours, les déclenchements intempestifs ou dégâts des eaux liés aux sprinkleurs ne sont plus d’actualité. Les systèmes agréés FM sont en effet extrêmement fiables et se déclenchent uniquement dans les zones touchées par l’incendie. Cette technologie d’extinction active et peu intrusive sur le plan structurel est donc particulièrement intéressante.

2. Limiter les travaux par point chaud

La restauration des bâtiments historiques nécessite souvent des travaux par point chaud, par exemple pour réaliser des soudures, qui représentent un risque d’incendie important. Ces opérations étant parfois inévitables, il est indispensable de gérer le risque de manière proactive pour garantir leur sécurité et leur efficacité. Les exploitants devraient travailler en étroite collaboration avec les sous-traitants pour limiter ce type de travaux, notamment en privilégiant les raccords vissés ou les matériaux prédécoupés pour éviter des opérations de coupe sur site. À défaut, les précautions les plus strictes doivent être prises. Du personnel spécialement formé devrait surveiller la zone pendant toute la durée des travaux et pendant les trois heures suivantes afin de détecter d’éventuels feux couvants. La gestion adéquate de ces travaux réduit considérablement le risque d’incendie et évite que des projets de restauration ne mettent en péril des bâtiments uniques.

3. Faire évoluer les stratégies de protection incendie

Pour protéger les bâtiments historiques, l’application des normes de sécurité incendie ne devrait être considérée que comme un point de départ. Au vu de ce que représentent ces édifices, leurs exploitants devraient ainsi fonder leur stratégie de protection sur les exigences minimales, puis la faire évoluer et anticiper les changements de réglementation en vue de renforcer la résilience sur le long terme. À la différence des sites industriels, les bâtiments historiques n’ont pas une durée de vie prédéfinie, ce qui doit se refléter dans les mesures de protection incendie mises en place. Aller au-delà des normes réglementaires ne peut que contribuer à réduire le risque d’incendie, tout en évitant de coûteuses restaurations. Cette approche plus durable de la préservation du patrimoine garantit par ailleurs une meilleure protection de biens d’une valeur inestimable sur les plans culturel et financier.

4. Moderniser et entretenir les systèmes électriques

Les défauts électriques sont l’une des principales causes d’incendie dans les bâtiments historiques, pour lesquels une défaillance, même mineure, d’un système obsolète ou mal entretenu peut avoir des conséquences désastreuses. Il est donc primordial de moderniser l’infrastructure électrique et de mettre en place un programme de maintenance préventive. Des inspections devraient avoir lieu régulièrement pour vérifier l’absence de surchauffe et d’usure, ainsi que l’état des branchements. Par ailleurs, les systèmes électriques doivent être correctement dimensionnés, protégés et adaptés aux spécificités du bâtiment. La formation du personnel aux bonnes pratiques d’exploitation et aux procédures d’urgence est un gage de sécurité supplémentaire. En outre, les nouvelles technologies telles que les systèmes de télésurveillance peuvent accélérer les interventions tout en réduisant les coûts de maintenance.

Vétusté, conception structurelle, difficultés d’entretien : les bâtiments historiques sont par définition plus exposés au risque d’incendie. L’adoption de stratégies innovantes permet toutefois de préserver efficacement ces édifices irremplaçables. Comme nous l’avons vu, il est crucial d’installer des systèmes sprinkleur de dernière génération, de mettre en place une procédure stricte de gestion des travaux par point chaud, d’aller au-delà des normes de sécurité minimales et d’entretenir correctement les systèmes électriques. Comme en témoignent les incidents récents, la préservation du patrimoine architectural requiert des mesures de protection incendie proactives et exhaustives.