Article de fond

Des data centers de plus en plus fiables et résilients

Date de publication 05 novembre 2025


Les data centers sont devenus des infrastructures critiques, et leurs propriétaires travaillent de plus en plus avec des assureurs pour éviter les interruptions d’activité

Les data centers sont indispensables aux technologies numériques, et leur nombre ne cesse d’augmenter pour accompagner l’expansion du cloud computing et de l’IA. Selon une étude récente, la demande mondiale devrait croître de 8,5 % par an (TCAC) d’ici 2030, une estimation qui pourrait se révéler très en-deçà de la réalité.

Dans la mesure où les secteurs privé et public dépendent aujourd’hui presque entièrement des services proposés par des data centers, ces derniers doivent être construits, exploités et entretenus selon les standards les plus élevés. Toute panne entraîne des perturbations majeures qui coûtent très cher aux entreprises et aux fournisseurs de services. Si ces incidents sont de moins en moins fréquents, leur impact financier est de plus en plus important. Une panne sur cinq se traduit par des pertes de plus d’un million de dollars, selon la dernière enquête annuelle de l’Uptime Institute.

Les pannes liées à des défaillances des systèmes de refroidissement, comme les incidents survenus à Londres pendant les vagues de chaleur de l’été 2022, peuvent provoquer des perturbations d’activité, nuire à la réputation des entreprises et, pour les institutions financières, les exposer à un risque de non-respect des nouvelles dispositions prévues par le Règlement européen sur la résilience opérationnelle numérique (DORA).

Un filet de sécurité plus performant

Face aux interdépendances entre des sites valorisés à plusieurs centaines de millions de dollars en termes de biens immobiliers, d’équipements et de pertes d’exploitation, certains assureurs s’appuient sur leur expertise pour contribuer activement à renforcer la résilience des infrastructures. Ils analysent pour ce faire de nombreuses variables, dont l’emplacement géographique, la qualité de la construction et la fiabilité des équipements, mais aussi les risques liés au refroidissement et le risque incendie, ainsi que la connectivité des réseaux, la cybersécurité et le contrôle des accès.

L’assureur dommages FM, présent à l’international, assure des data centers depuis plus de 25 ans. La compagnie protège en actuellement environ 1 100, valorisés à 250 milliards de dollars. En mai 2025, elle a annoncé le lancement de FM Intellium, un programme qui combine son expertise des data centers et de la production d’énergie. Dans ce cadre, FM a créé une entité dédiée qui peut mobiliser des expert·es pour répondre rapidement à toute demande, partout dans le monde. « Le partenariat est au cœur de notre approche », explique Adrian Oxley, Directeur technique numérique et semi-conducteurs chez FM. « Nous travaillons avec nos assurés sur le long terme pour réduire leurs risques. Nous voulons également apprendre d’eux, car ce secteur évolue à une vitesse incroyable : face aux bouleversements actuels, nous devons garder une longueur d’avance. »

Le secteur adopte régulièrement des préconisations et bonnes pratiques de prévention pour les systèmes et équipements critiques, mais les data centers hyperscale font émerger de nouvelles menaces. Par exemple, les onduleurs à batteries lithium-ion, conçus pour prendre le relais en cas de coupure du réseau électrique, présentent un risque d’emballement thermique, qui peut conduire à une explosion. Pour un hyperscaler, une institution financière ou une compagnie aérienne, les pertes d’exploitation liées à un incendie ou à des batteries défaillantes peuvent être catastrophiques. « Les serveurs présents dans les data centers exécutent des millions de transactions », indique Paul Heisel, Spécialiste activités à haut risque et Responsable souscription pour les data centers chez FM. « Toute interruption de ces transactions aurait d’énormes répercussions financières. »

L’énergie, une problématique majeure

Par ailleurs, tous les data centers relevant de la classification Tier requièrent une alimentation électrique fiable. Leur multiplication et l’essor de l’IA sont tels que Goldman Sachs prévoit une augmentation de 160 % de leur consommation d’électricité d’ici 2030. Or la demande actuelle fait déjà débat à l’échelle de certaines villes ou de certains pays. « De vastes campus en projet nécessiteront d’énormes quantités d'énergie, jusqu’à cinq gigawatts pour certains », précise Adrian Oxley. « Il est probable que de petits réacteurs modulaires seront utilisés dans les data centers d’ici cinq à six ans. Nous nous penchons donc déjà très sérieusement sur la question. »

À mesure que la complexité augmente, certains assureurs s’attendent à être impliqués dès la phase de conception, en particulier dans le cadre de constructions modulaires ou sur mesure. FM travaille déjà sur plusieurs projets au stade de l’approvisionnement, notamment en offrant des services de revue de plans et en recommandant des dispositifs de sécurité adaptés. « Actuellement, les data centers recherchent d’importantes capacités d’assurance », poursuit Paul Heisel. « La démarche de souscription de FM, fondée sur le sinistre maximum possible, peut les aider à appréhender leur exposition maximale pour un site donné, sur la base d’une évaluation par nos équipes d’ingénierie de la conception, des matériaux et de la construction. »

Si la tentation de passer rapidement à la vitesse supérieure pour répondre à la demande et dégager au plus vite un retour sur investissement est compréhensible, elle peut néanmoins aggraver le risque, à moins de mettre en place des partenariats stratégiques avec des spécialistes de ces problématiques. Les assureurs peuvent jouer ce rôle clé.

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